L' a b s t r a c t i o n  l y r i q u e

Un jeune chinois

1. En 1935, au bord du lac de l'Ouest en Chine, un jeune garçon de 15 ans se pose déjà les questions qui vont le guider toute sa vie. Comment représenter le vent ? Comment peindre le vide, comment faire vivre avec des pinceaux la lumière, sa clarté, sa pureté ?

Ancienne famille

2. Le jeune garçon s'appelle Zao Wou-Ki. Il est né en 1920. Il est très doué pour le dessin et la peinture. Et Wou-Ki (Zao est son nom de famille) a de la chance. Non seulement sa famille est une famille chinoise très ancienne et très riche, mais son père l'encourage à s'inscrire dans la meilleure école d'art de Shanghai, la plus grande ville de Chine.

Calligraphie

3. Wou-Ki commence par apprendre la calligraphie, cet art de peindre les caractères chinois vieux de 5000 ans. Il apprend à utiliser les quatre trésors du lettré que sont le pinceau (en poils souples de chèvre ou en poils durs de loup), le bâton d'encre, la pierre à encre et le papier. La préparation de l'encre est très importante. Le bâton d'encre, décoré de caractères dorés, est frotté contre la pierre à encre. Plus on veut une encre fluide , plus il faut ajouter de l'eau dans la pierre à encre. Zao Wou-Ki retiendra bien la leçon et on retrouvera le fameux coup de pinceau fluide du calligraphe dans toute sa peinture.

Travail et discipline

4. Calligraphier des caractères avec son pinceau représente bien plus pour un chinois que le simple fait d'écrire. D'abord il y a des règles à respecter. Chaque caractère doit par exemple occuper une sorte de carré imaginaire de manière harmonieuse. Et comme le papier de riz ou de soie sont très absorbants, chaque caractère doit être réussi du premier coup ! Cela représente des heures de travail et beaucoup de discipline.

Harmonie de l'univers

5. Zao Wou-Ki apprend aussi à trouver son inspiration pendant ses longues promenades dans la nature. La peinture de paysage est en effet la plus noble et la plus classique en Chine. A son retour à l'atelier, il s'installe à sa table. Sa respiration est calme, son dos bien droit et son poignet souple. Il travaille à l'encre, parfois en couleurs claires, parfois à l'encre de chine noire. Son pinceau cherche à tracer le mouvement de la vie et à reproduire l'harmonie de l'univers.

Paris

6. A 25 ans, Zao Wou-Ki est déjà célèbre dans son pays. Il a présenté son travail dans plusieurs galeries et ses expositions ont rencontré un grand succès. Mais Wou-Ki a maintenant envie de voyager et de connaître d'autres peintures que la peinture chinoise. Alors, en 1947, il s'embarque pour la France et après un voyage en bateau de 36 jours, arrive à Marseille. De là, il prend le train pour Paris. A peine arrivé dans la capitale française, Zao Wou-Ki se précipite au Louvre, le plus grand musée de peinture du monde.

Ami des artistes

7. ll installe son atelier de peintre à Paris dans le quartier de Montparnasse où vivent déjà d'autres artistes comme Giacometti, Picasso ou Mirò qui deviendront ses amis. En 1952, Zao Wou-Ki se rend à Berne en Suisse et découvre le travail du peintre Paul Klee. Cette découverte va bouleverser sa vie. Wou-Ki est enchanté par cette peinture poétique, à mi-chemin entre la réalité et le rêve. Grâce à Klee, il trouve son style que les spécialistes appelleront «l'abstraction lyrique», un mélange d'improvisation , de vitesse d'exécution et d'émotion.

Expositions mondiales

8. Maintenant, Zao Wou-Ki est devenu une célébrité mondiale. Le prix de ses toiles égale celui des plus grands peintres. Chaque grande ville comme Paris, New York, Londres, Tokyo et bien sûr Pékin, veut avoir SON exposition Zao Wou-Ki. Celui-ci est bien entendu heureux de ce succès mais il aime aussi le calme. Alors il décide de se retirer en Suisse, à Nyon près de Genève. Il y meurt le 9 avril 2013.