1. C’est l’histoire de deux frères: Hubert et Jan Van Eyck. Ils vécurent entre la fin du 14ème siècle et la première moitié du 15ème siècle en Flandres (aujourd’hui la Belgique) et étaient enlumineurs . A cette époque, l’imprimerie n’avait pas encore été inventée et les livres étaient recopiés à la main.
2. Le travail de l’enlumineur était avant tout celui d’un artiste. Il consistait à décorer les pages du livre recopiées avec des lettres stylisées et à illustrer de petites peintures. Ces dessins étaient en général extrêmement précis avec beaucoup de détails, souvent très instructifs sur les habitudes de l’époque. Comment les gens s’habillaient-ils ? Comment étaient agencés leurs intérieurs ? Dans quelles sortes de maisons vivaient-ils ? Quels bijoux portaient-ils ? Comment étaient-ils coiffés ?
3. La beauté des enluminures des frères Van Eyck ne tarda pas à être remarquée par le duc de Bourgogne, Philippe Le Bon, qui régnait en Flandres à cette époque. Et lorsqu’Hubert mourut en 1426, Philippe demanda à Jan de quitter son métier d’enlumineur et de travailler pour lui comme peintre. Bonne décision. Le duc de Bourgogne prenait à son service un artiste de talent. Jan va se révéler un grand maître en créant des œuvres exceptionnelles tout en révolutionnant l’art de la peinture. Quelles nouveautés Jan van Eyck va-t-il apporter ?
4. A l’époque, les peintres étaient obligés de fabriquer eux-mêmes leur peinture avec des pigments qu’ils trouvaient dans la nature. Une fois broyés, ces pigments étaient mélangés avec un liant (souvent à base d’œuf) et l’artiste pouvait commencer à les utiliser pour peindre. Problème: ce liant à base d’œuf séchait très vite et il était difficile pour le peintre de retoucher son tableau. Au début du 14ème siècle, quelqu’un eut l’idée de remplacer l’œuf par de l’huile: la peinture à l’huile était née.
5. Jan van Eyck va s’emparer de cette nouvelle technique et, grâce à ses talents de dessinateur et d’illustrateur acquis lorsqu’il était enlumineur, il va exécuter des tableaux d’une finesse et d’une délicatesse jamais vues auparavant dans toute l’histoire de la peinture.
6. L’agneau mystique (1432) est un triptyque, un tableau en trois parties peint des deux côtés. C’est un retable, c’est à dire une construction en bois destinée à être placé en arrière de l’autel d’une église. L’œuvre est très compliquée. Elle présente plus de 300 personnages. Le titre vient d’un verset d’un livre mystérieux de la Bible appelé l’Apocalypse et qui signifie la révélation.
7. Les époux Arnolfini (1434) montrent un couple de riches marchands italiens sur le point de se marier. Outre la précision et la virtuosité habituelle des pinceaux de van Eyck, l’originalité du tableau provient du fait qu’au fond, on distingue un miroir qui révèle la face cachée de la scène.
8. En 1435, Van Eyck exécute le portrait d’un homme tenant à la main un œillet, le buste tourné de trois quarts. Cette posture est une nouveauté inventée par Van Eyck. Elle donne une impression de réalisme, comme si le modèle avait été pris par surprise. L’homme nous regarde d’un air interrogateur. On est frappé par la précision des coups de pinceaux dessinant chaque ride du visage, l’intensité du regard mais aussi par le rendu incroyablement précis des poils de son col en fourrure. Avec ces innovations , Van Eyck renouvelle complètement la peinture européenne. Il sera imité plus tard par les plus grands maîtres de la Renaissance italienne comme Léonard de Vinci.