Le visage de l'Espagne


Les Ménines

1. La scène se déroule dans l'atelier du peintre au palais du roi d'Espagne. Vélasquez est en train de peindre un tableau. De qui fait-il le portrait ? De la princesse Marguerite ? Du roi et de la reine ? De lui-même ? De nous ? Chaque spectateur de cette œuvre prend la place des modèles du tableau. Le peintre se recule pour observer son travail. Vient-il de commencer, ou s'apprête-t-il à poser la dernière touche ? Nous ne le saurons jamais. Ce qui nous frappe surtout, dans ce tableau appelé «Les Ménines», c'est la précision du trait, le souci du détail. Vélasquez est un peintre qui nous frappe par son sens aigu de l'observation.

Séville

2. Diego Vélasquez est né le 5 juin 1599 à Séville dans le sud de l'Espagne. Très tôt, le jeune garçon apprend le latin, les langues et la philosophie, mais c'est surtout pour le dessin qu'il montre des dispositions. A 11 ans, il entre comme apprenti dans l'atelier d'un peintre de Séville.

Philippe IV

3. Sa période d'apprentissage terminée, à 18 ans, il est reçu maître. Il a désormais le droit d'exercer son art dans toutes les parties du royaume. Un an plus tard, le peintre épouse Juana, la fille de son professeur. Il aura deux enfants, deux filles. Mais, cette vie calme va tout à coup être bouleversée. Philippe III, le roi d'Espagne meurt soudainement, et son fils Philippe IV, âgé de 16 ans, lui succède.

Peintre à la Cour

4. Le nouveau roi n'aime pas le pouvoir. Il confie donc l'administration du pays à son ministre le duc d'Olivares. Vélasquez est présenté au duc qui l'invite à Madrid. Au printemps 1622, Philippe IV, le nouveau jeune roi l'autorise à faire son portrait. C'est une merveille! A la cour, on s'exclame: "Jusqu'à présent, personne n'avait su peindre Sa Majesté." La gentillesse, les belles manières de l'artiste font le reste.

Madrid

5. Le 6 octobre 1623, Vélasquez, âgé de 24 ans, s'installe à Madrid avec sa famille après avoir été nommé peintre du roi. Il le restera jusqu'à la fin de sa vie. Trente-sept années à peindre Sa Majesté, ses frères, ses enfants, sa sœur Marie, sa première femme Isabelle, puis la deuxième, Marie-Anne d'Autriche... Chaque jour ou presque, le roi rend visite au peintre. Il possède une clé de son atelier et s'installe sur une chaise pour le voir peindre tout à son aise. Philippe IV aime l'art et admire follement Vélasquez.

L'Italie

6. En août 1628, Vélasquez se lie d'amitié avec le peintre flamand Rubens, de passage à Madrid. Rubens évoque les merveilles de l'Italie, où il a séjourné huit ans et encourage Vélasquez à faire le voyage. Le roi approuve le projet. Le peintre débarque à Gênes le 20 août 1629. C'est l'envoûtement. Rubens avait raison. L'Italie regorge de trésors. De Gênes, Vélasquez se rend à Milan puis à Venise, où il admire les peintures du Tintoret. De là, il se rend à Rome où il séjourne un an. Partout on l'accueille avec les honneurs.

L'ami du roi

7. En janvier 1631, Vélasquez est de retour à Madrid. Tous les grands d'Espagne lui réclament leur portrait, pour l'envoyer aux cours étrangères en vue d'un éventuel mariage. La vie à la cour est une succession de fêtes. Mais le royaume d'Espagne connaît aussi, à cette époque de graves problèmes: guerres, épidémies, famines, ruine. Philippe IV n'a qu'une seule consolation : la peinture et Vélasquez !

Un diplomate

8. A partir de ce moment, Vélasquez, qui est devenu l'ami du roi, va se voir confier des missions diplomatiques et politiques. Il voyage pour représenter Philippe. Bien sûr, il en profite pour retourner en Italie … Ces longs voyages, très fatigants à l'époque, finissent par rendre Vélasquez malade. Le 6 août 1660, il meurt d'épuisement. Philippe IV, très triste, notera d'une main émue dans son journal: " Je suis affligé... " Pour un roi d'Espagne, cette remarque était plutôt rare.